Le mot du curé du 19 mai au 22 juin : Une date pas banale

Je parle du 8 mai 2025. Inoubliable. En fin d’après-midi, nous étions réunis à Sainte-Thérèse pour préparer la fête de l’amitié, quand un paroissien connecté nous a parlé de la fumée blanche qui venait de sortir. Nous avons quand même fait la réunion : l’apéro qui suivait la réunion s’est passé tous serrés devant un ordinateur en direct de Rome. Nous attendons aussi nos envoyés spéciaux, une est déjà rentrée après avoir vu François de près le jour de Pâques. D’autres sont en train de rentrer et étaient présents le 8.

J’avoue que par le passé, ces élections papales ne m’ont pas toujours passionné (je me disais, de toutes façons ils vont bien trouver quelqu’un, il sera comme il sera et ça ira bien, moi j’ai du boulot). Mais cette fois, les articles de presse expliquaient de manière plus détaillée le mécanisme du vote, rendant ainsi passionnant d’entrevoir comment le Saint-Esprit navigue avec un corps de cardinaux largement nouveaux et aux origines géographiques diverses, comment l’Eglise pourrait devenir plus catholique…

Drôle de 8 mai, date qui nous rappelle la naissance du monde d’avant, celui de l’ONU, en 1945, quand les puissances coloniales victorieuses de l’Allemagne nazie ont jeté les bases d’un ordre international multilatéral théoriquement fondé sur un état de droit international, qui a à peu près fonctionné (malgré de multiples hypocrisies et manipulations, mais quand même) ! En relisant des chroniques de théologiens du Concile Vatican II, je retrouve ce bonheur de l’Église d’alors de participer à la naissance d’un monde qui cherchait à s’organiser sur des principes humanistes. Aujourd’hui, après une mondialisation bancale, chacun défend son bout de pouvoir, le droit de la guerre semble l’objet d’un mépris presque total de la part des cyniques qui poussent leurs pions. Le président de la première puissance mondiale ne se gêne pas d’encourager son allié à la déportation totale et définitive d’une population hors de sa terre. Alors oui, un Pape qui, à travers ce qu’il est, comprend ces mécanismes, ceux qui les mettent en place à Chicago et ceux qui les subissent au Pérou, pourrait au moins symboliser une résistance, ça fait du bien. Car ils restent nombreux (une foule innombrable), ceux qui ont lavé leur vêtement dans le sang de l’agneau (Apocalypse 7), ceux qui ont choisi d’être agneaux plutôt que loups.

Nous-mêmes, serons bientôt heureux d’accueillir au moins quelques jeunes Palestiniens d’une école catholique de Cisjordanie, tant que c’est possible. Un jour peut-être, l’occupation fera place à l’annexion puis à l’expulsion. Qu’au moins, si le pire de ce qui est en préparation advenait, il y ait quelques Palestiniens qui sachent que tout le monde ne les a pas abandonnés et oubliés.

Mais la vie continue, les pèlerinages se multiplient, les communions, les baptêmes de jeunes, c’est très important de faire tout ce que nous pouvons pour leur permettre d’éclore, pour leur ouvrir les accès au Christ Jésus, prince de la Paix, Seigneur de la Vie. La rentrée paraît aussi au loin, prions donc le Maître de la moisson d’envoyer de nouveaux ouvriers pour accompagner ceux qui rejoignent la foi.

Père Dominique Doyhénart