La fête du Christ Roi de l’Univers comme célébration du Mystère Pascal

C’est avec la fête du Christ-Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique.

Pour la Constitution sur la Liturgie (Concile Vatican II, Constitution sur la liturgie n°2 et 7), toute célébration liturgique actualise l’œuvre du salut en plaçant au centre de la vie chrétienne, le mémorial de la croix, centre de la foi chrétienne :
« Parce que la mort du Christ en croix et sa résurrection constituent le contenu de la vie quotidienne de l’Église et le gage de sa Pâque éternelle, la liturgie a pour première tâche de nous ramener inlassablement sur le chemin pascal ouvert par le Christ, où l’on consent à mourir pour entrer dans la vie ».

En entretenant cette mémoire pascale, la liturgie cultive une distance à l’égard de tout pouvoir. À la requête de la mère des fils de Zébédée, « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume » (Mt 20, 21), Jésus répond : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » (Mt 20, 22), ce qui évoque la Passion. Et il le fait en précisant qu’il n’a pas le pouvoir d’accorder ce qui est demandé : « vous boirez ma coupe ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, mais c’est pour ceux à qui mon Père l’a destiné » (Mt 20, 23). La suite du texte, qui souligne la jalousie entre les disciples, traduit cette transformation fondamentale, opérée par la foi au
Christ, du rapport chrétien au pouvoir :

« Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d’entre vous, sera votre esclave » (Mt 20, 25b-27).

Toutefois ceci ne doit pas être compris seulement comme une exhortation à la modestie : il en va de la condition même du disciple du Christ, de sa configuration au maître qui s’est fait serviteur : « C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20, 28). C’est pourquoi la fête du Christ Roi de l’univers, célébrée le dernier dimanche de l’année liturgique, exprime de manière spécifique la relation que la liturgie instaure entre royauté du Christ et mystère de la croix.

Par frère Patrick Prétot,
Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris.
Texte complet sur http://liturgie.catholique.fr/

Image : Auxerre, crypte de la cathédrale Saint Etienne, Christ en Gloire